Traduction par Richard Neuville
Le Comité international de solidarité avec l’autogestion en Argentine ( https://solidaridadautogestion.noblogs.org/ ) lance un appel à une campagne de solidarité internationale avec l’entreprise récupérée Nueva Era, l’une des trois seules à avoir réussi à entamer un processus d’autogestion et de récupération de son usine sous le gouvernement d’extrême droite de Javier Milei en Argentine (Voir article sur le site de l’association pour l’autogestion : https://autogestion.asso.fr/les-entreprises-recuperees-en-butte-au-libertarisme/ ). L’appel consiste à collecter les fonds nécessaires à la remise en état des machines et à l’achat des pièces de rechange et des fournitures nécessaires pour démarrer la production et permettre la reprise définitive du travail de ses travailleurs associés.
Les travailleurs de l’entreprise graphique Nexo, une imprimerie située à Buenos Aires, ont été confrontés début 2025 à la fermeture de l’atelier dans lequel certains d’entre eux travaillaient depuis des décennies. Face à la fermeture annoncée de l’entreprise en raison de la débâcle industrielle provoquée par les politiques de Milei, les travailleurs ont décidé de s’engager dans la voie de l’autogestion. Comme les locaux dans lesquels l’entreprise exerçait son activité étaient loués par la direction, ils ont décidé de déménager dans les installations d’une autre entreprise récupérée qui, par solidarité, leur a cédé de l’espace dans son usine, la Gráfica Patricios, dans le quartier de La Boca à Buenos Aires. Les travailleurs ont baptisé leur coopérative Nueva Era et se sont engagés dans la voie difficile de l’autogestion dans un contexte extrêmement défavorable sous le gouvernement de Milei (pour plus d’informations sur les entreprises récupérées sous Milei, vous pouvez consulter le rapport du programme Facultad Abierta de l’Université de Buenos Aires à l’adresse https://recuperadasdoc.com.ar/ ). Bien que le nombre total d’ouvriers fût plus important, la coopérative a été constituée dès le départ par sept travailleurs qui se sont donné pour mission de lancer l’entreprise afin de pouvoir ensuite employer les autres (15 au total). Pour cela, il est crucial de faire appel à la solidarité internationale, tant pour collecter les fonds nécessaires que pour démontrer que, même en ces temps où la voracité capitaliste et l’infamie de la droite semblent être la norme, la classe ouvrière continue de maintenir ses traditions de solidarité et de lutte pour une société plus juste et plus égalitaire, et rien n’est plus représentatif de ces aspirations que l’autogestion.
À propos de la coopérative de travail Nueva Era :
La coopérative Nueva Era est une imprimerie reprise ces derniers mois par les travailleurs et travailleuses, après que la crise ait conduit à la faillite de la PME Nexo. Avec le soutien d’autres coopératives, syndicats et fédérations, Nueva Era produit déjà dans un nouvel espace : « Nous sommes convaincus que, dans peu de temps, nous pourrons aller de l’avant ».
La coopérative Nueva Era est née d’une série de crises qui ont conduit à la faillite de Nexo Industria Gráfica SRL. « En 2016-2017, nous avons commencé à décliner progressivement. Nous travaillions beaucoup pour des entreprises qui, petit à petit, ont commencé à présenter tous leurs produits sur Internet, et nous avions de moins en moins de travail.
« Lorsque le gouvernement de (Javier) Milei est arrivé, tout a empiré et nous ne produisions presque plus rien. En 2023, la plus grande partie de la production concernait les bulletins de vote des élections précédentes », résume Luis Serapio, président de Nueva Era.
Outre les crises économiques, l’entreprise a subi un revers important : « Une machine a pris feu et a failli incendier toute l’usine. Nous avons tenu bon autant que possible, en touchant la moitié de notre salaire. Nous avons demandé à parler au propriétaire, mais il nous a toujours ignorés ; alors, après en avoir discuté entre collègues, nous avons compris que nous avions deux options : prendre l’usine ou tenir bon. »
Dans ce contexte, les travailleurs ont négocié une sortie avec le propriétaire et ont réussi à conserver une partie des machines, avec lesquelles ils ont pu créer la coopérative. À ce sujet, Serapio a précisé : « Ces derniers temps, nous n’avons pas été payés et, l’année dernière, avant les fêtes, nous avons demandé au propriétaire de prendre une décision et il nous a répondu qu’il allait fermer. Nous lui avons fait part de notre intention de créer une coopérative et nous avons négocié ».
Soutien du secteur coopératif et syndical
La création de Nueva Era a bénéficié du soutien solidaire du secteur coopératif et des travailleurs. D’une part, le syndicat de la Fédération graphique de Buenos Aires (FGB) a apporté son aide en matière de conseil et de transfert des machines ; la coopérative Gráfica Patricios a offert un local, sur la base d’un accord « verbal », et est aujourd’hui associée à la Fédération des coopératives autogérées de la République argentine (FEDECARA).
« Nous avons récupéré une série de machines et c’est là que nous avons commencé. L’accord avec Gráfica Patricios prévoit qu’ils ne nous facturent pas de loyer et que nous les aidons dans leurs travaux. C’est ainsi que nous avons pu donner forme à la coopérative », a raconté Serapio.
Avec des ressources très limitées, Nueva Era a organisé une tombola afin de financer l’installation des machines. « La plieuse et la plieuse-plieuse fonctionnent déjà et nous survivons grâce à ces maigres fonds, avec le soutien important des familles ». Ainsi, en juillet 2025, « nous avons pu commencer à faire fonctionner les machines ».
« Pour l’instant, nous avons envie de travailler et de faire avancer ce projet, malgré la récession économique. Grâce à notre volonté et au soutien dont nous bénéficions, nous construisons la coopérative. Nous sommes convaincus que, d’ici peu, nous pourrons aller de l’avant », a souligné Serapio.
Enfin, il a déclaré : « Ces deux dernières années ont été très difficiles pour nous, surtout ces six derniers mois. Nous nous battons beaucoup, mais cela ne nous empêche pas de vouloir aller de l’avant. Nous sommes satisfaits de ce que nous construisons et du soutien que nous recevons.
Comment collaborer :
Le Comité de solidarité internationale organise une campagne de collecte de fonds, avec pour objectif de récolter 15 000 € afin de terminer la mise au point des machines, d’acheter des pièces de rechange pour remplacer celles qui sont endommagées et d’améliorer la qualité du travail et les fournitures indispensables pour démarrer la production.
Pour ce faire, les donateurs individuels ou collectifs peuvent s’adresser aux membres du Comité dans leur pays ou transférer directement des montants (à partir de 10 € pour les contributeurs individuels) sur le compte de la Fondation Gráfica Campichuelo, qui appartient à une autre entreprise récupérée du secteur graphique et qui préside la Fédération des coopératives autogérées de la République argentine. Afin de pouvoir identifier les contributions, les reconnaître et en informer les travailleurs de Nueva Era, nous demandons que chaque contribution soit communiquée à l’adresse : solidaridadERT@proton.me
Compte pour les dons directs à la Fondation Campichuelo (Argentine) :
https://paypal.me/fundacioncampichuelo
À propos du Comité et comment y adhérer, consultez le site : https://solidaridadautogestion.noblogs.org/
Richard Neuville
Mon blog : http://alterautogestion.blogspot.fr/ ; Association Autogestion : https://autogestion.asso.fr/